Devenez la reine du Kâmasûtra

Et si l’odyssée n’était pas terminée ?

Le Kâmasûtra vient du sanscrit « kama » signifiant le désir (est également le nom du dieu de l’amour, équivalent à Eros ou Cupidon) et de « sutra » qui veut dire aphorismes du désir. Il renvoie à un livre indien, écrit entre le IVe siècle et le VIIe siècle, attribué à Vâtsyâyana. Cet auteur a réuni en un seul traité, en les résumant, tous les ouvrages antérieurs sur le kâma, un sujet qui lui semblait indispensable à l’épanouissement humain.
Ce recueil est illustré de miniatures ; il prodigue des conseils de séduction pour une vie harmonieuse dans le couple, notamment au travers de positions sexuelles. Contrairement à une idée assez répandue en Occident, le contenu du Kâmasûtra ne se limite pas aux positions érotiques ; il traite essentiellement du mariage et des relations entre hommes et femmes hors du mariage.

Le kâma constitue l’amour sensuel et les émotions liées à l’attachement
Dans l’ancienne croyance des Indiens, le kâma était reconnu comme étant le stimulant des actions et était personnifié par le dieu de l’amour érotique. Il renvoie aux plaisirs des sens que sont entendre, sentir, voir, gouter et toucher et aux plaisirs extraits de l’esprit et de l’âme. La sensation de plaisir tirée de l’expérience des sens est associée au Kâma.
À l’origine, le Kâmasûtra était essentiellement destiné à l’aristocratie indienne. Cependant, le livre donne aussi des conseils aux femmes et aux couples et indique que les hommes n’étaient pas tenus à la seule relation sexuelle ; les hommes étaient initiés à la maîtrise des baisers, des caresses, des morsures et des griffures dans l’objectif de donner du désir à la femme. La première version occidentalisée du Kâmasûtra apparut seulement en 1883 et fut traduite par un linguiste anglais, Richard Burton, qui le traduisit et adapta la langue et les tournures de phrases descriptives à notre culture.   

En Occident, on confond parfois Kâmasûtra et tantrisme
Or, bien que le Kâmasûtra ne soit pas exempt de spiritualité, ce recueil de conseils pratiques n’a pas la même dimension spirituelle que le tantrisme.
Le tantrisme est une doctrine philosophique qui utilise le plaisir charnel comme tremplin vers des expériences spirituelles et vers l’extase mystique. Le texte de référence du tantrisme est le Vigyana Bhaïrava Tantra.

La place de la femme
Lorsque l’ouvrage a été écrit, la femme jouissait d’une certaine liberté. On trouve dans l’ouvrage les habituelles injonctions pour « l’épouse fidèle » qui s’occupe de la maison, mais elle côtoie d’autres conseils pour la séduction et la manière de tromper son époux. Le remariage des veuves, qui sera interdit plus tard dans l’histoire de l’Inde, est alors décrit comme acceptable.
Les courtisanes sont à l’image des geishas. Elles ont une place significative dans la société. Elles percevaient des sommes importantes pour leur art, qui incluait la danse et la musique. Ce sont les autorités britanniques qui interdirent ces « associations de prostituées » que l’Inde avait tendance à laisser pénétrer dans les temples, où elles faisaient des offrandes importantes.

Les pratiques admises
L’homosexualité féminine et masculine est un aspect jugé naturel de la vie sexuelle. Toutes les possibilités sexuelles, même celles qui seront, plus tard, jugées déviantes, sont énumérées dans l’ouvrage. C’est d’ailleurs un héritage du colonialisme, si les pratiques homosexuelles sont considérées ensuite comme « contre nature », puis interdites dans le code pénal indien (Section 377).