De nombreuses personnes sont réticentes à entreprendre une démarche thérapeutique, ou ont été déçues par une précédente psychothérapie. Beaucoup ne se sont pas senties suffisamment guidées par leur thérapeute. Ce n'était pas forcément la méthode qui était en cause, ni même le thérapeute. Mais la compréhension intellectuelle d’une problématique ne suffit pas toujours à la résoudre. Bien que des études démontrent l’efficacité équivalente des différentes méthodes thérapeutiques, certaines personnes se retrouvent confrontées à une limite : si la compréhension intellectuelle de leur problématique est essentielle à leur guérison, elle n’est pas toujours suffisante pour sortir de leurs schémas de répétition.
Une solution : la dynamique émotionnelle exprimée
Qu’est-ce que c’est ?
La Dynamique Émotionnelle Exprimée (la DEE) est une méthode thérapeutique centrée sur l’expression des émotions. Elle a été élaborée par le Docteur Etienne Jalenques, psychiatre ayant exercé au sein du renommé Hôpital Sainte Anne. Contrairement à la plupart des autres démarches thérapeutiques, le thérapeute participe activement au cheminement de son patient, en interagissant constamment avec lui : il le guide pas à pas dans ce que celui-ci exprime.
L’émotion, une voie d’accès à nos problématiques non résolues
L’être humain a une faculté extraordinaire pour éviter les situations douloureuses. Espérant échapper à la souffrance, il met en place, dès sa plus tendre enfance, toute une série de mécanismes de défense : refoulement, rationalisation, déni… Il espère résoudre ses problèmes grâce à ses indéniables facultés intellectuelles et garder le contrôle sur les différents évènements de sa vie. Alors pourquoi reste-t-il encore et encore dans les mêmes schémas de répétition ? Pourquoi sa souffrance ne diminue-t-elle pas malgré tous ses efforts ? C’est très simple : parce que le bonheur n’est pas une question d’intelligence ! Une approche émotionnelle permet d’intégrer ce que l’intellect a compris depuis longtemps.
La fonction des émotions
Bien que certaines de nos émotions soient désagréables, elles sont néanmoins toutes utiles : la peur nous alerte de la présence d’un danger ; la colère d’un sentiment d’injustice, d’un manque de respect… En raison de notre éducation, la plupart d’entre nous avons appris à taire, voire à nier nos émotions. Mais nier son ressenti ne revient-il pas à se nier soi-même ?
Lutter contre nos émotions consomme beaucoup d’énergie
Que se passe-t-il quand une émotion n’est pas exprimée ?
Prenons un exemple : votre patron s’en est pris à vous parce que vous n’avez pas rendu votre travail à temps. Comment auriez-vous pu le faire, avec les 5 dossiers prioritaires qu’il vous a confiés la veille ? Ils auraient dû être traités par une collaboratrice, malheureusement (encore) en arrêt maladie. La collègue censée vous aider arrive en retard et passe son temps au téléphone. Vous n’osez rien lui dire et rongez votre frein pour ne pas créer de conflit. Le soir, vous rentrez chez vous, fatiguée. Vous vous en prenez à votre mari et à vos enfants pour des broutilles. Ils ne sont pourtant en rien responsables de la mauvaise journée que vous avez passée. En plus, vous éprouvez de la culpabilité de passer vos nerfs sur eux. A l’image de la cocotte-minute, vous avez accumulé tellement de colère en vous que vous la laissez exploser au mauvais moment, contre les mauvaises personnes.
C’est ainsi qu’une colère non exprimée risque de se transformer en hétéro agressivité. Toute la colère accumulée depuis votre plus tendre enfance risque aussi de se retourner contre vous en se transformant en tristesse, voire même en dépression.
Reconnaître cette colère en soi, apprendre à l’exprimer de façon adaptée, dans le respect de l’autre, est ce qui va permettre son déblocage puis sa régulation. Rappelons que la colère n’est pas malsaine en soi. C’est la violence qui l’est ?
L’inhibition des émotions est à l'origine de nombreuses maladies psychosomatiques, de souffrance et de multiples blocages dans nos vies
Prenons un exemple pour comprendre comment ces phénomènes s’installent : un enfant est victime d’abus, de la part d’un adulte de son entourage proche. Celui-ci le convainc de n’en parler à personne : « ce sera leur secret ». Il peut même le menacer s’il venait à rompre le silence. L’enfant sent que ce qu’il subit n’est pas normal, il s’isole dans sa chambre pour pleurer, craint de se retrouver seul avec son bourreau. Mais, loyal à ce référent en lequel il a toute confiance, il garde le secret. Émotionnellement, c’est un vrai bouleversement, mais il ne peut le partager avec personne. Il n’a pas les capacités d’élaborer ce qu’il traverse, pense mériter ce qui lui arrive. N’ayant pas d’autre point de référence, il pense que ce qu’il vit est « normal ». La violence subie est telle que pour se protéger, il finit par se couper de ses émotions. Il peut même refouler totalement l’évènement traumatique.
Une fois adulte, il subit les abus de ses collègues et de ses supérieurs hiérarchiques mais n’ose dénoncer la situation : enfant, il a intériorisé qu’il n’avait pas le droit de rompre le silence, au risque d’empirer la situation. Ce genre de situations le met toujours aussi mal à l’aise. Il ressent un profond sentiment d’injustice, de la culpabilité aussi, de ne pas savoir se défendre face à tous ces abus. Seulement voilà, il ne sent pas suffisamment de sécurité intérieure en lui pour se défendre ; résigné, il garde la croyance selon laquelle il doit taire les abus dont il est victime. C’est ainsi qu’un évènement du passé se transforme en croyance limitante : si enfant, il n’a pas eu d’autre choix que de se taire, l’adulte a aujourd’hui les ressources pour faire face à ce type d’évènements. Intellectuellement, il a bien analysé ce qui se rejouait, pourtant, il reste incapable de trouver une réponse adaptée à la situation : il reste bloqué dans sa peur d’enfant. C’est cette émotion bloquée au moment du traumatisme qui est à l’origine de sa problématique d’adulte.
En quoi la DEE est-elle la solution ?
Accompagner le patient à partir de ce qu’il ressent aujourd’hui dans cette situation, peut lui permettre de progressivement remonter au traumatisme originel : le principe de la DEE, c’est de revisiter les évènements traumatiques du passé et de libérer l’émotion bloquée, car non exprimée. Le patient peut ainsi transformer le trauma en un souvenir biographique, nettoyé de sa charge émotionnelle.
La DEE va ainsi permettre à l’adulte d’aujourd’hui de sortir de ses croyances limitantes et de ses vieux schémas de répétition. Si la stratégie qu’il avait choisie, enfant, s’est avérée efficace dans le passé, elle peut se montrer contre-productive au présent. La DEE permet ainsi de revisiter ses croyances pour y trouver des modes opératoires plus pertinents aujourd’hui.
Grâce à ce travail, s’opère une véritable harmonisation entre le vécu émotionnel et la compréhension intellectuelle.
La DEE, une méthode pour :
Prendre conscience de ses croyances limitantes et les modifier.
Élargir son champ de vision.
Exprimer, libérer, réguler et mettre à son service ses émotions.
Donner du sens à ses expériences douloureuses.
Harmoniser les sphères émotionnelles et intellectuelles.
Devenir acteur de sa vie.
Cultiver son individualité, son authenticité et son sentiment de sécurité intérieure.
A qui s'adresse-t-elle ?
A tous les adultes et adolescents dotés de capacités de verbalisation et d’élaboration, souffrant de blocages dans leur vie, d’hypersensibilité ou d’hyper contrôle, de débordement émotionnel ou au contraire d’inhibition.
By Isabelle MARZIO
Thérapeute en Dynamique Émotionnelle Exprimée