Freud et Jung la déchirure intellectuelle

Quand les opposés s’attirent

Sigmund Freud et Carl Jung étaient deux figures clés dans le développement de la psychologie et de la psychanalyse. Bien qu'ils partagent certaines idées et concepts de base, ils ont également développé des perspectives et des approches différentes.

Cet article ne se limitera pas et volontairement à la première moitié́ du XXe siècle, le but n’étant pas de faire une biographie linéaire de Freud ou de Jung. 
Partons du principe qu’ils sont tous deux diffèrent et que leurs approches explicatives quant au rôle et fonctionnement de l’inconscient reste à mon avis indissociable et complémentaire.

Sigmund Freud (1856-1939) était un neurologue autrichien et est considéré comme le fondateur de la psychanalyse. Il a développé des théories complexes sur la structure de l'esprit et les processus psychiques, mettant l'accent sur l'inconscient et les conflits internes. Freud a développé des concepts tels que l'inconscient, le complexe d'Œdipe, la sexualité infantile et les mécanismes de défense. Il croyait que nos comportements et nos expériences sont fortement influencés par des pulsions sexuelles et agressives refoulées, et que la compréhension de l'inconscient est essentielle pour accéder à ces conflits internes et les résoudre.
Considéré comme le Christophe Colomb de la vie mentale et comme le découvreur d’un immense continent psychique, nous devons à Freud l’interprétation consciente de l’inconscient. Freud inflige à l'humain sa troisième blessure narcissique en affirmant qu'il n'est pas maître dans sa propre maison, puisqu'il doit se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique. 
La révolution Freudienne a consisté à dire que contrairement à ce que l’ont pensé l’homme de ne se connait pas. Contrairement à notre intuition contrairement à notre impression immédiate nous ne savons pas ce qui se passe dans notre esprit nous ne savons pas ce qui se passe à l’intérieure de nous, c’est à dire en de ça du conscient en de ça de ce qui apparait de ce qui se manifeste explicitement à notre conscience.

Bien souvent riche en nuances chaque courant de pensée en a élaboré sa propre définition.

Carl Jung (1875-1961), un psychiatre suisse, a travaillé en collaboration avec Freud pendant un certain temps, mais a finalement développé sa propre théorie et sa propre approche de la psychologie. Jung a introduit le concept d'inconscient collectif, qui comprend des motifs, des symboles et des archétypes partagés par l'humanité. Il a également accordé une attention particulière au développement individuel et à la recherche de l'individuation, qui est le processus d'intégration de toutes les parties de soi pour atteindre un état d'équilibre et de plénitude. Contrairement à Freud, Jung croyait que la sexualité n'était pas la seule force motrice de la psyché humaine et a étendu son intérêt aux aspects spirituels et transcendants de l'expérience humaine.

Il n’y pas de psychanalyse sans le concept de l’inconscient 
Disons-le d’emblée : Freud n’a pas vraiment inventé́ l’inconscient, il en a découvert la dynamique. Cependant sa contribution s’inscrit dans une longue généalogie et elle a consisté́ à tirer cette notion d’une pénombre poétique et mystique. 

L’inconscient est un terme qui recouvre une expérience très ancienne de l’humanité.
L’homme se trouve devant des forces inconnues, se manifestant sous la forme de représentations étranges. Il a l’impression que ce n’est pas lui qui en est l’auteur et la puissance avec laquelle elles peuvent le diriger lui fait peur. Autrefois, ces forces se nommaient divinités, démons ou esprits. Jung, par l’intermédiaire de rêves et de visions, a fait très jeune l’expérience de ces créations échappant au Moi.

Bien entendu, le concept d’inconscient, est resté au centre de beaucoup d’études et de controverses et Freud restera un auteur qui fera couler beaucoup d’encre et l’ensemble de ses thèses ne font pas toujours l’unanimité. Pourtant à ce jour l’inconscient et au cœur de nombre de recherche scientifique (notamment pour les cancers de longue durée). Plus les recherches en neurosciences avancent, plus les scientifiques montrent à quel point notre esprit fonctionne sans conscience. En effet, à chaque instant, 11 millions d’informations sont traitées par le cerveau, mais seulement 40 parviennent à la conscience. De nos jours et c’est là tout le paradoxe S. Freud et bien souvent assimiler à un neuroscientifique par son esprit positiviste qui le poussa à expliquer le fonctionnement psychique comme un fonctionnement physiologique. Sa théorie est mise sous la loupe des ‘ neurosciences » qui tentent aujourd'hui de vérifier le bien-fondé de l'existence de l'inconscient.

Freud et Jung ont également divergé sur d'autres aspects. Par exemple, Freud mettait l'accent sur l'importance des pulsions sexuelles et agressives et accordait une attention particulière à la sexualité infantile, tandis que Jung accordait une plus grande importance à la quête de sens, à la spiritualité et à la dimension symbolique de l'expérience humaine.
Malgré leurs différences, les travaux de Freud et Jung ont eu une influence majeure sur la psychologie et continuent de nourrir les théories et les pratiques contemporaines. Leurs idées ont contribué à l'exploration de l'inconscient, à la compréhension des motivations humaines et à l'importance des processus psychiques dans la formation de la personnalité.