Sting et Raoni, une histoire qui dure

Deux destins hors norme que tout oppose, un chef indien militant écologique de la première heure et une Rock Star mondiale

La rencontre entre ces deux est non seulement passionnante et tout aussi surprenante. A priori deux destins hors norme que tout oppose. Un chef indien militant écologique de la première heure et une rock star mondiale.

L’un est un chef indien, défenseur historique de la forêt amazonienne et sans nul doute le chef indigène le plus célèbre de la planète. Ambassadeur de son peuple sur les sujets de déforestation et pour la défense de la culture indigène. Inlassable défenseur de l’environnement, le chef indigène Raoni se lancerait-il dans une dernière aventure en portant plainte contre Jair Bolsonaro pour "crimes contre l’humanité". Sa dernière mission : la reconnaissance et la délimitation de terres ancestrales des autochtones.
L’autre un musicien et chanteur anglais, compositeur et bassiste du groupe "The Police", où le trio connaîtra un succès mondial. Plus engagé dans une carrière solo, l'ancien leader du groupe "Police" a ensuite interprété la chanson "Fragile", suivie du tube "Message in a Bottle", sous les applaudissements nourris de ses fans, lors de la réouverture du Bataclan fermé depuis l'attentat du 13 novembre 2015. Et c’est dans le duo « Stollen car » à l’Arena qu’on le retrouvera aux côtés de Mylène Farmer. Au cours de sa carrière, la star n'a cessé de s'engager pour différentes causes et milite pour préserver la planète depuis plus de trente ans.

Une première rencontre 
C’est en 1988 que le musicien Sting et sa femme Trudie Styler, à la demande du chef Raoni, créent la Rain Forest Fondation (avec le cinéaste belge Jean-Pierre Dutilleux) pour soutenir les Kayapo, afin de protéger leurs terres traditionnelles et leurs cultures.

Une notoriété mise au service des autres
La préservation de la forêt amazonienne et de ses habitants, est le combat mené par ces 2 hommes et l’histoire commence au cours de l’année 1989. Le cacique Raoni Metuktire engageait, cette année-là, une tournée dans 17 pays aux côtés du chanteur Sting, lequel lui offrait sa scène et sa notoriété en guise de porte-voix, pour défendre les droits des Indiens indigènes du Brésil et de la forêt amazonienne. L’objectif pour le chef Raoni est de récolter des fonds tout en visant à engager une campagne de sensibilisation sur la déforestation et ainsi grâce à cette tournée, de diffuser son message à l’échelle planétaire.

Cette collaboration a abouti à un succès historique
Il a connu dès lors la surexposition médiatique au travers du tourbillon d’une époque. Les centaines de milliers de dollars amassés pour la cause indigène, la démarcation des terres et la défense des cultures autochtones. Plusieurs fondations « forêt vierge » seront créées à travers le monde et le G7 débloquera des fonds pour la démarcation des réserves indigènes au Brésil.
Même si les campagnes de sensibilisation sur l’avenir de la forêt amazonienne ne datent pas d’hier, ce combat demeure un vrai cheval de bataille pour le chanteur britannique, qui n’a pas hésité dernièrement à fustiger le pouvoir brésilien en place, pour dénoncer l’augmentation des feux de forêt en Amazonie.
La star britannique l'assure : "elle garde espoir". "Ma stratégie dans la vie, c’est d’être toujours optimiste".

Les menaces planent toujours 
C’est le combat de David contre Goliath, mais Raoni, malgré son âge, ne désarme pas. La déforestation, qui avait baissé de manière spectaculaire en Amazonie de 2004 à 2012, est repartie de plus belle en janvier 2019 : +54% par rapport à janvier 2018, d’après l’ONG Imazon. Malgré avoir contracté la covid-19 et perdu sa femme d’un accident cérébral, Raoni continue son combat.
Raoni Matuktire a demandé à la Cour pénale internationale d’enquêter contre le président brésilien Jair Bolsonaro pour « crimes contre l’humanité ». En cause : la persécution et la destruction de l’habitat des peuples autochtones de la forêt amazonienne. "Une destruction de la forêt amazonienne", indispensable à la régulation du climat et frappée par des incendies records en 2020, "constituerait un danger direct non seulement pour les Brésiliens mais également pour toute l'humanité", souligne la plainte.
Les plaignants estiment que cette politique d’État mène à des « meurtres », des « transferts forcés de population » et des « persécutions », constitutifs de « crimes contre l’humanité » tels que définis par le Statut de Rome de la CPI.
Les écologistes estiment qu'un des meilleurs moyens de préserver ces zones, est de les reconnaître officiellement comme terres indigènes, où toute activité minière ou agricole non-traditionnelle est interdite.
Nous respirons tous un seul air, nous buvons tous une seule eau, nous vivons tous sur une seule Terre. Nous devons tous la protéger.
Chez nous, les invasions ont recommencé. Les bûcherons et les chercheurs d'or ne respectent pas la réserve. Nous n'avons pas les moyens de protéger cette immense forêt dont nous sommes les gardiens pour vous tous.
J'ai besoin de votre appui. Et je vous le demande avant qu'il ne soit trop tard.

Depuis plus de quarante ans, il est l’inlassable gardien de la forêt amazonienne. Quatre décennies passées à rencontrer les hauts dignitaires de ce monde, à récolter des promesses plus ou moins tenues. Mais nul n’est éternel et Raoni aujourd’hui âgé de 90 ans, compte sur toute l’humanité pour qu’enfin règne la paix.
"Enseignez à nos enfants un monde sans conflit, sans querelle, sans guerre", prêche Raoni Metuktire à chacune de ses étapes dans le monde. © Le Point