Abeilles en DANGER !

Apiculteurs en colère contre le retour des néonicotinoïdes

Néonicotinoïdes = tueurs d'abeilles. L’usage de néonicotinoïdes met en péril l’existence des abeilles, importantes pour la biodiversité, car sans abeilles il n’y a pas de pollinisation. 

Tout d’abord, nous allons effectuer un petit état des lieux des pratiques de ces hyménoptères rayés. 
La reproduction sexuée des plantes, dépend de la pollinisation (Oui ! La reproduction peut aussi être asexuée ; comme pour les fraisiers avec leurs fameux stolons !). En effet, les abeilles et certains autres insectes participent à la pollinisation ! Je vais donc vous expliquer comment ce processus de génie, se manifeste. 

Lorsqu'une abeille part à la conquête d’une source de nourriture, celle-ci recueille du nectar et du pollen, via une fleur. C’est alors que par inadvertance, une partie du pollen présent sur les étamines (organe reproducteur mâle), se colle sur les poils répartis sur le pourtour de son corps. Après récolte de ce festin, elle se rend alors vers une autre fleur afin d’y récolter davantage de nutriments (Quelle sacrée gloutonne !). Sur ces entrefaites, une partie du pollen collé à ses poils se dépose sur le stigmate (organe reproducteur femelle) de la fleur. Et ainsi, la fécondation a lieu par cette union. Des fruits délicieux peuvent alors se développer et réjouir nos papilles. 
Cependant, petits êtres humains que nous sommes, nous implantons de nouveaux et multiples dangers pour ces dernières, notamment les néonicotinoïdes !  
Ces pesticides néonicotinoïdes regroupent la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame. J’imagine que cela ne parle pas forcément à tout le monde, donc trêve de plaisanteries et rentrons dans le vif du sujet ! 
Tout commence avec l’arrivée de Myzus persicae (un puceron vert), suçant l’appétissante sève, contenue par exemple dans les plants de betteraves sucrières. Les plants sont alors en proie à la jaunisse, débouchant vers une décadence programmée. 
Seulement à ce jour, seul les néonicotinoïdes sont capables d’empêcher cette mort prématurée des plants de betteraves. De ce fait, les agriculteurs prévoient une baisse de 50% de leur récolte sans cet insecticide. 

Mais pourquoi tout ce baragouin, quel rapport avec les abeilles ? 
Ce pesticide se retrouve dans le pollen et le nectar, contenus au sein de la fleur et bien entendu, ces néonicotinoïdes ont des effets néfastes pour les abeilles. Seul 0,000000001 g d’un néonicotinoïde réduirait la capacité de la petite Maya, à retrouver sa ruche !  Et alors ? Me diriez-vous, en quoi cela est nuisible à toute la ruche, s’il ne s’agit que de Maya… Eh bien, c’est très simple : d’après de nombreux travaux scientifiques, lors d’une exposition à cette substance, pendant les premiers jours de leur vie, les abeilles auront une espérance de vie diminuée. La reine n’est alors plus correctement alimentée et la persistance même de toute la colonie est en péril. Désorientation des butineuses, limitation du développement des reines et de la croissance de la ruche, sont donc les conséquences principales, face à cette exposition.  
De plus, histoire que nous ne nous ennuyons pas, un fongicide (le boscalide) pourrait interagir avec ce pesticide et augmenterait sa dangerosité envers les abeilles. Pour ne rien oublier, ces néonicotinoïdes sont solubles dans l’eau et se répandent donc aussi, hors des champs ! 
Mais ne soyons pas égoïstes non plus, bien évidemment les agriculteurs sont conscients de cette tragédie, mais ils doivent aussi avoir un rendement suffisant. Eh oui, eux aussi tachent de se nourrir et nourrir leur famille ! Ce paradoxe est donc assez compliqué, car aucune alternative n’a été trouvée, à ce jour ! Et les lobbys continuent de tirer les ficelles… Nous manipulant tels de vulgaires pantins.
Mais attention : certains luttent tout de même contre certains grands groupes, afin de faire entendre leurs voix, face à cette atrocité qui ravage nos Mireille et Maya ! 

Un collectif qui ne manque pas d’aplomb ! 
Face à la réhabilitation des néonicotinoïdes, un collectif nommé « La Ronce », appelle au sabotage des produits de multinationales polluantes. Ses membres sont recrutés via les réseaux sociaux et se prénomment les « épines ». Afin de faire plier ces entreprises, ils motivent l’ensemble de ses « épines » à débouchonner les paquets de sucre, de type « Beguin Say », qui réutilisent ces substances toxiques. Les produits sont alors invendables, du fait de l’ouverture de ces derniers. 
Nous sommes allés à la rencontre de deux « épines » : Margot et Valentin, étudiants de 23 ans. Ils ont tenu à nous faire part de leurs investissements au sein de ce collectif. La parole est à eux : 
Margot : Salut ! Moi c’est Margot et je suis une « épine » de « la Ronce » depuis quelques mois. J’ai découvert ce collectif qu’est « la Ronce » avec Valentin ! Je me suis donc intéressée à celui-ci, en m’abonnant à leur compte Instagram. La première mission de « la Ronce » consistait à se rendre dans les magasins et débouchonner les paquets de sucre des marques, utilisant encore les néonicotinoïdes. Je fais partie de ce collectif, car il est inadmissible que l’Etat suspende une molécule, prouvée comme négative sur notre écosystème, pour ensuite que ce même Etat, revienne sur cette décision et autorise de nouveau les multinationales à utiliser les néonicotinoïdes, grâce à une dérogation… La culture des betteraves sucrières, peut très bien se faire sans pesticides dangereux pour les abeilles, des alternatives sont à trouver. Retourner en arrière n’est pas vraiment la solution à mon humble avis. 
Valentin : Ça fait longtemps que j’essaye de faire attention à ne pas polluer inutilement au quotidien, mais concrètement, je n’avais jamais rien fait de plus en faveur de l’écologie, à part signer des pétitions. Cependant, les pétitions ne mènent pas vraiment à grand-chose ! 
Je suis donc tombé sur « la Ronce » un peu par hasard et je me suis dit que c’était alors l’occasion de faire un peu bouger les choses. L’idée de "La Ronce" est de réaliser de petites actions collectives, faciles à mettre en place et reproductibles par le plus grand nombre de personnes, pour qu’elles aient un impact. Par exemple pour lutter contre la réintroduction des néonicotinoïdes, « la Ronce » incite à ouvrir les paquets de sucre concernés et voler les bouchons pour les rendre invendables. Si les paquets sont systématiquement rendus invendables, les grandes enseignes ne les mettront plus en vente et les industries seront obligées de changer leurs modes de production. Je pense que si suffisamment de monde participe, cela peut avoir un véritable impact ! 

Mais qu'en est-il des apiculteurs ?
Oui je sais, je divague, le titre de cet article portait sur les apiculteurs, mais je voulais tout de même prendre la liberté de vous énoncer le contexte et la polémique que représentent les néonicotinoïdes. 
Donc, revenons sur le sujet de base et traitons-le de la meilleure des façons, soit par le témoignage direct de nos emblématiques apiculteurs : 
Daniel Rochas, apiculteur (non professionnel) retraité, en France : les néonicotinoïdes posent des problèmes aux colonies. Les abeilles périclitent au niveau des champs et ne reviennent pas au sein de la colonie. Engendrant alors un affaiblissement de la colonie et une accentuation de la sensibilité à d’autres maladies. En effet, il arrive parfois que les professionnels trouvent des mortalités élevées près des grandes cultures. Des intervenants vétérinaires (mandatés par ADA France) peuvent alors être appelés, afin de faire remonter cette perte massive pour la recherche de substances toxiques. Cependant, cela ne remonte que très peu et ne génère finalement que la validation de l’état de la ruche, sans pour autant y porter un bénéfice direct aux apiculteurs. 

Alain Péricard, apiculteur écologique au Rucher biologique Apis, au Québec : 
En tant qu’apiculteur, avez-vous remarqué une diminution de la densité de vos colonies ? 
Nous sommes certifiés BIO et donc situés dans un secteur exempt de pesticides. Nous devons fournir à notre certificateur une carte avec toutes les parcelles en culture, dans un rayon de 3 km de nos ruches et indiquer s’il s’y trouve des pesticides, notamment des néonicotinoïdes. Un seul de nos voisins cultive du maïs, mais nous avons un accord avec lui, pour que ce maïs ne soit ni OGM, ni enrobé de néonicotinoïdes ou de diamides (insecticide aussi dommageable). Cette année j’ai hiverné 100% de mes 42 ruches, qui sont remarquablement fortes. Mais notre situation n’est pas représentative de l’apiculture québécoise…
Une fragilité des colonies, en lien avec une sensibilité plus importante à d'autres maladies, est-elle apparue ? 
Non ! Nous faisons de la sélection génétique de lignées de reines hygiéniques et nous appliquons des mesures sanitaires très strictes. Le seul pathogène que nous devons vraiment contrôler est le varroa, pour lequel nous avons mis au point un protocole efficace.

Quelles sont vos opinions concernant la réintroduction de ces néonicotinoïdes en France ? 
Les semenciers et les vendeurs de pesticides tueurs d’abeilles constituent – avec certaines organisations agricoles – des lobbys extrêmement puissants. Les arguments utilisés sont douteux (si je ne me trompe pas « l’avenir de l’industrie sucrière en France »), mais ils ont toujours de l’avance sur les recherches indépendantes, concernant l’impact des pesticides. Ces gens fonctionnent à court terme, chaque année l’utilisation d’un produit procure des profits considérables et des dividendes aux actionnaires durant l’année financière. Les impacts à long terme ne sont pas pris en compte, ni les impacts combinés de l’ensemble des molécules chimiques utilisées dans les cultures. Mais il y a de fortes présomptions d’effets négatifs, notamment en tant que perturbateurs endocriniens. En clair, c’est de la santé et de la survie de nos enfants et de nos petits enfants qu’il s’agit. Quant aux impacts sur la faune, ils sont maintenant bien documentés et concernent non seulement les insectes pollinisateurs, mais aussi les invertébrés aquatiques, les petits mammifères et les oiseaux insectivores, entre autres.

Quelles sont vos opinions concernant le maintien de ces néonicotinoïdes au Canada ? 
Voir constat concernant les lobbys. L’organisme règlementaire fédéral, l’Arla, ne remplit pas son rôle. Les soi-disant “recherches”, réalisées par des scientifiques mercenaires de l’industrie, sont considérées valides et les recherches indépendantes ne sont pas suffisamment financées. Les gouvernements sont à plat ventre face aux puissantes organisations agricoles (au Québec, L’UPA) et les mouvements écologistes ne sont pas réellement mobilisés. Il existe bien des lanceurs d’alerte et des journalistes qui rapportent les faits, mais l’opinion publique ne parvient pas à en tirer les conséquences, à savoir que si nous ne descendons pas dans la rue, rien ne va changer. Au Québec nous n’aimons pas les “chicanes” (conflits) et en plus, nos voisins américains font n’importe quoi, ce qui constitue un bien mauvais exemple. Dans notre organisation professionnelle, Apiculteurs et Apicultrices du Québec, il y a quelques personnes qui sont partisans de manifester bruyamment, mais nous ne sommes pas majoritaires. Alors, plus ça change, plus c’est pareil. Et voici donc les mots de la fin… Mais ne vous inquiétez pas, ce n’est que le début pour vous, c’est pourquoi je me permets de vous transmettre le lien du livre de ce fameux apiculteur :

https://ecosociete.org/livres/l-abeille-et-la-ruche

Bonne lecture et à bientôt mes FeminaMagnifiques !